Cham Zermatt ultime épisode

Jour 5: Refuge Nacamuli – Cabane de Bertol. 11 km D+1175m. Il a neigé toute la nuit, en ouvrant la porte du refuge nous admirons les pentes raides qui se dressent, plâtrées, donnant un air himalayen au coin. Départ glacial pour négocier le col Collon (3114m), la trace est réfléchie et optimale. L’arrivée au col est providentielle grâce aux rayons du soleil qui nous accueillent et nous réchauffent. Descente du haut glacier d’Arolla jusqu’au Plan de Bertol. La remontée est d’abord louvoyant à travers les croupes, puis un passage plus expo. Florian trace dans 30 à 40 cm de poudreuse vierge, nous sommes seuls au monde. Cette trace résume bien la beauté et la liberté de notre cheminement, témoin éphémère de notre passage. La dernière pente plus raide est négociée au plus près du rocher et les distances délestées sous l’oeil des échelles de Bertol. Qui les a montées sait de quoi on parle : un peu moins d’une centaine de barreaux qui nous mènent à l’apéro (3311m).
Jour 6 : Cabane de Bertol – Zermatt. 21 km D-2300m (!!!) = dernière journée d’anthologie. Partis à 6h, le plan était en place : descendre les échelles mythiques de Bertol qui constituent un excellent réveil matinal. Le froid est mordant. Nous quittons le col de Bertol (3265m), le refuge nous surveille de ses deux yeux ronds et fumants. Pas besoin de faire un dessin… le groupe part pour sa dernière journée. Après une matinée dans la purée par – 25°C ressenti, le col est difficile à trouver, et quand la question du demi-tour pointe le bout de son nez, le ciel se déchire, le bleu s’impose, laissant miroiter la croupe finale. Nous avançons, la Dent Blanche puis le Cervin et la dent d’Hérens apparaissent, nous sommes les premiers, en admiration devant ces paysages, nous profitons de ce temps suspendu dans l’esprit de chacun. Mais rapidement le groupe se ressaisit, l’attaque est imminente, ciel bleu, 40 cm de poudreuse froide et légère, 2300 m de D- pour une descente vierge ! Halte là! Halte là! Halte là! Les montagnards sont là ! Pas de descente en peigne respectée : c’est le braquage ! Les fauves sont lancés, tous conscients à l’instant T que ce qu’ils vivent ne se reproduira peut être jamais. Alors exaltés, ils gribouillent les flancs de cette magnifique montagne surplombée de séracs, ceci sous le regard avisé du Cervin.
Le soir même ces traces éphémères sur ces flancs seront effacées mais à jamais gravées dans la mémoire de chacun des compagnons de la cordée. Nous n’avons été que de passage dans ce coin mais cet instant restera durablement dans le lien qui unit les 14 de ce groupe.
C’est l’histoire d’un groupe… un groupe uni par les sourires partagés, les attentions, les décisions…. Un lien à la fois physique (une corde, une accolade, …) mais aussi invisible : des coeurs qui battent à l’unisson pour la même passion, au départ celle de la Montagne mais désormais celle du partage et de l’amitié. L’alternance du ciel bleu, des bourrasques et d’un froid glacial jamais égalé (y compris la nuit pour aller aux wc où il faut partir en expé!) ont rendu ces moments plus intenses et mémorables.
Nous ne pouvons finir cet article sans partager un mot pour nos deux Guides : MERCI ! 5 lettres qui veulent dirent tant de choses… À Rémi Thivel, fidèle ami depuis des années, toujours là pour dresser la toile sur laquelle nous avons louvoyé durant 6 jours. Merci pour ta confiance, ta Compétence, ton assurance et ta bienveillance. À Florian Lahargue, nouvelle pépite dans la famille des guides, adopté avec mention dans celle de Pyrénéa. Un vrai soleil dans le blizzard. Le «Pyrénéen qui trace devant les Chamoniards ». Un véritable artiste à la trace à la fois esthétique, efficace et confortable. Merci à vous deux. Merci à chaque membre du groupe qui a fait de ce célèbre raid Chamonix Zermatt un instant unique. Thierry, Daniel, Guillaume, Jean-François( merci pour le passage de témoin), Philippe, Christophe, Patrice, Benoit, Stéphanie, Pauline, Evelyne. 
Evelyne Bourdelas et Sandra Mauhourat.

 

 

 

 

 

 

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